giovedì 8 agosto 2013

L’histoire au fil des rues (4) VIALE RISORGIMENTO


Vous me suivez toujours… dans la découverte de Calusco et de l’histoire italienne ?
Bien ! Tournons à présent à gauche, dans cette artère (bifide au début) qui s’appelle VIALE RISORGIMENTO et qui mène au quartier de Vanzone.
 
PLAN DE CALUSCO (en rouge, notre parcours depuis le début)

Le RISORGIMENTO est une période de l’histoire italienne dont Vittorio Emanuele est un des héros (voir article N°2). Ce mot dérivant de « risorgere » et signifiant renaissance ou résurrection, il s’agit en quelque sorte -si je comprends bien- de la renaissance de l’Empire Romain, incarné en une Italie unifiée (dans les limites de la péninsule), redevenue une entité politique après treize siècles d’invasions et de déchirements.

Durant la première moitié du 19ème siècle déjà, les "Carbonari" provoquaient dans toute l'Italie des insurrections, contre le pouvoir autrichien, qui cependant échouèrent.

En 1848 -commencement du Risorgimento, a eu lieu une première guerre d’indépendance menée par Charles-Albert de Sardaigne à la tête d'une coalition avec d'autres états italiens, mais elle n’aboutit pas.

En revanche, la seconde guerre d’indépendance, en 1859-1860, se conclut, le 17 mars 1861, par la proclamation du Royaume d’Italie, dont étaient encore exclus quelques territoires. Pas pour longtemps, car lors de la guerre austro-prussienne de 1866, le royaume d'Italie s'allia à la Prusse et obtint ainsi la souveraineté sur la Vénétie, autant par l’action militaire que par la voie diplomatique.

L’état pontifical, qui était sous la protection des troupes françaises, fut conquis en 1870, après la défaite et la capture de Napoléon III dans la guerre franco-prussienne. Un plébiscite confirma l’annexion au royaume d’Italie de la ville de Rome qui en devint la capitale.
Inutile de préciser que le pape Pie IX n’apprécia pas du tout ; pour preuve : il excommunia aussitôt le premier roi d’Italie, Victor-Emmanuel II.

C’était la fin du processus de Risorgimento. Cependant, l’unification de l’Italie continuera par le rattachement en 1918 du Trentin-Haut-Adige, de la Vénétie julienne, de l'Istrie et d'autres territoires du Frioul et s’achèvera par celui de la ville de Fiume en 1924.
 
RH

domenica 4 agosto 2013

CORRESPONDANCES (2) Le dialecte

Nos dialectes respectifs sont un point commun. A Volmerange, on parle (on parlait) le PLATT. A Calusco si parla (ancora) il BERGAMASCO.

Le Bergamasque est la langue de la province de Bergame, parfois appelée « Orobien », du nom du peuple celte vivant autrefois dans cette région. Le Bergamasque est une langue romane, appartenant à la branche gallo-italique, plus proche de l'occitan, du catalan ou du français que de l'italien. (Si vous n’êtes pas d’accord avec ça, plaignez-vous auprès de Wikipédia.)

Pour entendre du bergamasque, écoutez ceci (excusez-moi car je n’ai pas trouvé mieux) : http://www.savoldelli.net/giopi.mp3
Evidemment, vous n’avez rien compris ; cette langue ne ressemble donc pas au français… Quoique, en étant attentif, on entend parfaitement les sons français « eu » (comme dans « feu ») et « u » (comme dans « une »), qui n’existent pas en italien.

A Calusco, j’ai entendu Renato, avec d’autres, parler le dialecte, et je trouve que ça a une petite musique de terroir, grave et rocailleuse, qui se prête pourtant bien à la plaisanterie. Voici d’ailleurs deux échantillons de bon sens et d’humour bergamasque que je me suis permis de traduire (avec l’aide d’Internet) :

«  Chi roba fà ròba, chi gà pura del pecàt, al mör col cül pelat. »
Qui vole se fait un magot ; qui a peur de pécher meurt avec le cul pelé.
(Notez l’orthographe : « o » fermé, « ò » ouvert, « ö » qui se lit « eu »)
En clair, je dirais : on ne devient pas riche en respectant la loi.

« La boca l'è mia straca, finchè la sént mia in po de aca. »
La bouche n’est pas lasse tant qu’elle ne sent pas un peu la vache.
C’est donc comme en France où on dit qu’un repas sans fromage est comme une belle qui n’a qu’un œil.

- * - * -

La Moselle, ce n’est pas tout à fait la France. Les anciens d’ici vous le diront : il y a « la France de l’intérieur » et il y a chez nous, qui est certes dans la France, mais sur les bords et qui même pendant une période (1870-1918) a été carrément à l’extérieur. Cette France-là, jusqu’après la deuxième guerre mondiale, elle parlait le Platt, c'est-à-dire le Luxembourgeois, qui est une langue francique appartenant au groupe des langues germaniques. Je vous passe les détails. Vous pouvez vous faire une idée en écoutant ceci : http://www.youtube.com/watch?v=OMGzsbZBSnI
Après ça, il n’est que trop évident que cette langue est comme le Bergamasque profondément enracinée dans son terroir...

La République Française a tout fait, et avec succès, pour éradiquer les dialectes de son territoire : à l’école, on était puni quand on lâchait un mot de dialecte, et partout ailleurs, on nous faisait honte de nos pauvres patois de paysans. Mais entre temps, le Platt est devenu la langue nationale du Grand-duché de Luxembourg, paradis du plein emploi. Alors aujourd’hui, après avoir méprisé cette langue, tous ceux qui veulent travailler de l’autre côté de la frontière s’empressent de l’apprendre. Quelle ironie du sort et quel gâchis !

Mais cela ne saurait durer : un jour, la mondialisation aura ravalé le luxembourgeois, le français et l’italien au rang de dialectes destinés à disparaître au profit d’un anglais commercial standard. Toujours plus grand, plus gros, plus unique ! C’est la loi du système, peut-être même la loi naturelle qui mène l’humanité vers un sort inéluctable : le gros avale le petit, le plus fort fait disparaître le plus faible, jusqu’à ce que son règne soit total.

Est-ce pour notre bien ? Je n’en suis pas du tout convaincu. Au puissant gigantisme monolithique, je préfère la petitesse, la proximité, la variété, le particularisme. Je souhaiterais qu’à jamais vivent les patois, les dialectes et les cultures qu’ils racontent !
 

Après Babel, les hommes devaient s'apprendre pour se comprendre. Aujourd'hui, ils ne s'apprennent plus...

Dubaï